vendredi 18 octobre 2013

Voyage photographique à Tromsø, jour 0

Après un an et demi sans post, voici le premier d'une série de douze qui s'achèvera le 11 novembre prochain.

Depuis que j'ai commencé la photographie numérique en 2009, je me dis que un jour, j'irai photographier les aurores boréales. Il y un an, je suis tombé sur cette vidéo :


Celestial Lights from Ole C. Salomonsen on Vimeo.

Elle a été le déclencheur. J'ai décidé que l'année 2013, pic d'activité solaire ne se produisant que tous les onze ans, serai celle durant laquelle je ferai un voyage pour photographier les aurores boréales. J'ai opté pour l'un des lieux les plus au nord de l'Europe, 69,6° de latitude nord, Tromsø, en Norvège.

Comme vous le devinez, l'occurrence des aurores boréales dépend de l'activité solaire, et de la latitude. Ce phénomène est due aux particules de vent solaire entrant en contact avec l'atmosphère terrestre aux endroits de la terre non protégés par son champ magnétique : près des pôles magnétiques. D'un point de vu statistique, les aurores boréales sont plus souvent observées aux alentours d'octobre et de mars. Ce dernier était trop proche au moment où j'ai pris ma décision, j'ai opté pour la période d'octobre. Enfin, les aurores boréales étant des phénomènes du ciel nocturne, leur observation est meilleure au moment de la nouvelle lune, et par temps clair. Pour la météo, je ne peux avoir de contrôle, mais pour la phase de la lune, j'ai opté pour la nouvelle lune de novembre.
Voici comment j'ai décidé, il y a maintenant un an, d'entreprendre ce voyage.

Dans un premier temps, je pensais n'y aller que pour des photos, en me basant sur un 24mm f/1.4 et un boîtier plein format de location. Par le suite, j'ai eu l'idée d'exploiter le boîtier que je possédais déjà pour faire des time lapse, en espérant m'approcher de ceux de la vidéo que j'avais vue. J'en avais déjà fait (dont celui-ci), et j'étais équipé pour, mais pour obtenir le meilleur rendu possible, il me fallait un système pour déplacer l'appareil photo lors de la prise de vue, une sorte de travelling extrêmement lent.

Il existe des systèmes tout fait pour remplir cette fonction, mais ils coûtent plus de mille euros. En plus du prix du système lui même, j'étais confronté au problème de son transport à Tromsø, car j'y allais par avion.
Ainsi, j'étais confronté à deux problèmes : réaliser un rail de travelling pour un coût raisonnable, transporter ce rail par avion jusqu'à Tromsø.

Avec 150€ de budget, j'ai réussi à obtenir ceci :



Comment ai-je fait? Voici.

Dans le principe, un travelling pour time lapse est assez simple, il faut déplacer très lentement et de façon fluide l'appareil photo le long d'un chemin parfaitement immobile.
Plus le chemin de déplacement de l'appareil photo sera long, plus l'effet sera saisissant. Au regard de la taille d'une valise autorisée en soute, je ne voulais pas me limiter à celle-ci. Je devais soit trouver un système pliant, soit acheter et réaliser ce système là-bas. J'ai opté pour cette seconde solution.
Par conception, il fallait que toute la partie longue du rail puisse être achetée à Tromsø et montée sur place. Je devais limiter la réalisation mécanique complexe aux seuls chariot mobile et extrémités du rail. Partant de cette contrainte, j'ai décider de baser le rail sur deux profilés d'aluminium de deux mètres de long, avec un système d'entraînement du chariot par ficelle. Cette solution me permettait d'avoir un coût relativement peu élevé, pour un encombrement réduit. Le désavantage de cette solution était la nécessité d'utiliser la gravité pour tendre la ficelle de traction, mais cela n'était pas vraiment un problème car il est toujours intéressant visuellement d'avoir un mouvement de caméra le long d'une pente, faible ou non.

Le reste de la réalisation fut assez simple à définir. Les rails de deux mètres devaient se monter sans avoir à les percer (car je n'aurai pas de perceuse là-bas), j'ai donc opté pour un montage par serrage entre deux pièces d'aluminium. La motorisation devait être très lente, j'ai donc recherché et trouvé sur eBay des moteurs avec réducteurs permettant d'atteindre trois tours par minute. Il ne me restait plus ensuite qu'à utiliser le principe du palan pour augmenter la force et réduire suffisamment la vitesse de traction. Tout a été réaliser à la perceuse et à la scie à métaux, en aluminium boulonné, et le moteur s'alimente en courant continu de 12V, qui est simple à obtenir avec un coupleur de huit piles.

Le résultat, sur le site même de la vidéo ci-dessus, donne ceci:



Le chariot est un assemblage de pièces d'acier que l'on trouve dans tous les magasins de bricolage, une équerre tronquée et quatre pattes sur lesquelles viennent se fixer les roues d'un roller de récupération.



Voilà, c'est ainsi que ce termine ce post d'introduction à mon voyage photographique à l'extrême nord de la Norvège. J'espère que vous l'aurez trouvé intéressant, et je vous donne rendez-vous le 2 novembre si tout se passe bien pour le prochain post.