vendredi 22 mai 2009

Focale fixe ou 50D?

Chaque domaine de la photographie requiert un équipement spécifique. Le première question à se poser lorsqu'on se met à la photographie c'est : Quels types de photos je souhaite faire?
Pas question de répondre "un peu de tout", et encore moins d'écouter le conseil d'un vendeur spécialisé qui vous propose du matériel suite à une telle réponse, car dans ce cas il essaye tout simplement de vous refiler son stock pour atteindre ses objectifs.

Quelques exemples simples pour mieux comprendre le problème.
Si vous faites des photos de mariage, vous aurez à photographier en plein soleil (enfin, espérons :-), donc vous aurez besoin de compenser les contre-jours, et un flash externe puissant sera indispensable.
Si vous êtes photographe pour des soirées en discothèques, vous aurez besoin de pouvoir faire la mise au point dans une obscurité presque totale, donc un appareil de type bridge avec télémètre laser sera particulièrement indiqué.
Si vous faites de la photo animalière, lors de randonnées en montagne par exemple, vous aurez besoin d'une longue, voir d'une très longue focale.
Si vous faites de la photo de studio, il sera indispensable que vous disposiez de plusieurs sources lumineuses, fixe ou de type éclair.
Si vous n'utilisez votre appareil qu'en vacances pour des trekkings en Egypte ou au Chili, il vous faudra du matériel polyvalent et léger. Un zoom dit "de voyage" sera alors parfait. D'une focale allant de 17 à 200mm il permettra de faire des panoramiques comme de capter un animal au loin.
Et puis si vous ne voulez pas vous préoccuper de réglages et autres paramètres de prise de vue, que vous voulez que votre appareil vous suive absolument partout et permette même, à l'occasion, de faire des vidéos, alors vous n'aurez même pas besoin d'un réflex, un bridge ou un compact sera certainement plus adapté.

Tous ces exemples montrent à quel point il est facile de se tromper dans le choix de son matériel photo. Il faut aussi accepter qu'on ne pourra jamais tout avoir. Si vous partez en vacances avec un compact 6 megapixels et que vous vous retrouvez avec un dingue de photo qui a un réflex et trois objectifs, il est certains que vos photos seront moins belles. En revanche, les quelques dizaines de grammes de votre appareil ne vous gêneront jamais, alors que le photophile aura toujours deux à trois kilos de matériel sur son dos.

Bien au fait de ce problème, je me pose depuis l'acquisition de mon appareil la question suivante : Pour mon usage, est-ce qu'il vaut mieux que j'essaye d'améliorer le sensibilité (changer de boîtier), ou l'ouverture de mon appareil photo?
En effet, si je veux améliorer la qualité de mes photos, il est nécessaire que je puisse photographier à plus grande vitesse et avec moins de grain. Je ne peux augmenter la vitesse que si j'augmente l'ouverture numérique de l'objectif, ou si j'augmente la sensibilité du capteur.

Dans le premier cas, cela signifie une ouverture supérieure à f2.8, et ceci n'est possible que sur les objectifs à focale fixe. De plus, les focales fixes ouvrant à plus de f2.8 ont au maximum une focale de 80mm.

Dans le second cas, cela signifie un changement de boîtier. Donc la revente de mon 400D pour un modèle de la gamme au dessus, comme le 50D.
Comme on peut le voir sur ce test du Canon l'EOS 50D, le grain est encore beau à 1600ISO, et acceptable à 3200ISO, au moins autant que l'ISO1600 du 400D.
Même si on regarde au niveau du top de la gamme Canon, l'EOS 1D Mark III réputé le plus sensible des Canon, il ne possède pas de 3200ISO justifiant son facteur tarifaire de 3,5 par rapport au 50D.

Après quelques expériences en spectacle, je pense aujourd'hui pouvoir répondre à cette question. La solution la plus adaptée à mon usage est le passage sur l'EOS 50D, voici pourquoi.
De toutes les photos que j'ai faites, mes préférées (celles présentées sur ce blog), ont toutes été faites sauf une à une focale supérieure à 80mm (vous pourrez le constater sous Flickr en examinant les détails des clichés). J'aime trop l'expression des visages pour me satisfaire des courtes focales! En plus de cela, la profondeur de champ à f2.8 est très limitée, donc une ouverture double me fait un peu peur en ce qui concerne la liberté qu'elle laisse au photographe.

Pour l'anecdote, je me suis aussi posé la question de la stabilisation du téléobjectif. Le mien ne l'étant pas, je me suis demandé si le Canon 70-200 f2.8 n'aurait pas été plus adapté. Là aussi j'ai trouvé la réponse. C'est non.
La stabilisation à ces focales, d'après ce que l'on peut lire sur les forums de photo, ne fait gagner que 3 vitesses, soit 3dB ou un facteur 2 si vous préférez. Aussi, comme par expérience je sais que la vitesse limite d'utilisation de mon 70-200 est de 1/80s, la stabilisation m'amènerait à 1/40s. Malheureusement, il est fréquent en spectacle de devoir descendre au dessous de cette vitesse, lorsqu'un comédien est dans une zone peu éclairée de la scène. De plus, ces zooms faisant 1,5kg, je me demande comment mon bras gauche terminerait les 2h de spectacle si je n'avais pas un pied pour me reposer.

Dernier mot au sujet du pied que j'utilise, car c'est un point à ne pas négliger. Pour être suffisamment réactif en photo de spectacle, il est indispensable que le pied suive parfaitement et immédiatement les mouvements que l'on imprime au téléobjectif. Pas question de devoir débloquer une rotule, il faut un mouvement sur deux axes aussi fluide qu'avec un pied vidéo.
Il y a quelques années, Manfrotto, fabriquant italien de pieds en tout genre, proposait ce type de produit pour la photo, mais il se fait de plus en plus rare de nos jours. Les rotules ayant remplacé les axes 3D sur pratiquement toute la gamme, il n'y a guère que le 7301YB qui puisse convenir. Après il faut aller voir du coté des pieds vidéo.
Pour ma part, j'ai récupéré un vieux trépied Manfrotto 290D avec un rotule 128LP. Il est stable, robuste et d'un grande fluidité.

jeudi 21 mai 2009

Toulouse vs Québec

Pour cette séance de photo, j'ai utilisé la configuration suivante : 1600ISO, Manuel toujours en f2.8, AF One Shot, Collimateur AF central, RAW, Motorisation rafale, Balance des blancs manuelle, Objectifs 17-55 et 70-200mm. J'ai fait en tout 377 clichés, une première sélection de 104 pour sauvegarde en RAW sur DVD (j'ai supprimé les autres), puis une seconde sélection de 42 pour traitement complet et export en JPG.

Les photos sur l'écran de visualisation de l'appareil sont plus claire que sur l'ordinateur ou un tirage papier. Pour cette raison, lorsque l'on vérifie l'exposition en spectacle, ne pas hésiter à surexposer en jettant toutefois un oeil sur l'histogramme que peut afficher l'appareil pour voir si il n'y a pas de blancs cramés.

Exemple d'un blanc cramé:

On voit sur cet histogramme que la majorité des pixels sont sombres (pic massif sur la gauche), alors qu'il y a un autre pic, très fin lui, à l'extrême droite. Il signifie qu'une partie de l'image est saturée de blanc.




Lorsqu'on regarde l'image correspondant à cet histogramme, on comprend que c'est le carton que l'arbitre tiens dans la main qui a créé cette zone de blanc cramé.
Partant de là, on pourrait se dire qu'il suffit de ne jamais avoir de pixels parfaitement blanc pour que l'exposition soit bonne. Erreur! Les pixels blancs saturés ne sont gênants que s'ils font partie d'un élément de l'image porteur de détails.
Ce carton de vote par exemple, est intéressant, ne serait-ce que du fait qu'on voit quelque chose d'imprimé dessus. Mais qu'en est-t-il d'un projecteur dans le cadre de la photo? Il est blanc cramé, c'est normal est on s'en moque.
C'est pour cela que la règle de la vérification des blancs saturés ne s'applique pas de la même façon en fonction de ce que l'on a dans l'image.

L'histogramme d'une image correctement exposée ne doit normalement pas avoir de pic trop prononcé à gauche ou a droite. Il doit ressembler à quelque chose comme celui ci-contre. Cependant cette règle dépend de ce qu'on a dans l'image, mais en règle générale, comme l'information est contenu dans les pixels qui ne sont ni très sombre ni très clair, une bonne image aura toujours quelques pixels dans a partie centrale de l'histogramme.

Pour résumer, je dirais que je retiendrai de cette séance de shoot qu'il faut toujours penser que les photos sont plus sombre qu'elles le semble sur l'écran de l'appareil, et qu'au moindre doute sur l'une d'entre elle, il ne faut pas hésiter à se servir de la fonction histogramme du mode de visualisation pour vérifier si il n'y a pas surexposition (auquel cas on retiendra d'utiliser une vitesse moindre pour cette zone de la scène).

Petite nouveauté pour cette session de photos, j'ai demandé l'autorisation à tous les joueurs de les publiers sur mon flickr, donc vous pouvez toutes les retrouver sur http://www.flickr.com/photos/ekhinos/sets/72157618585319338/

Comme vous pourrez le remarquer sur ces images, j'ai surtout utilisé le téléobjectif. Lors du premier tier temps, voyant les québecois bouger dans tous les sens, j'ai changé pour le grand angle. Je suis ensuite rapidement revenu sur cette idée car d'une part les plans large sont selon moi moins intéressant en théâtre, en la scène était éclairée de façon très inégale. Ceci est particulièrement sur la photo de groupe avec tous les joueurs. On voit aisément que certains visages sont blancs lorsque d'autres sont largement sous exposés.

En ce qui concerne le travail sous Lightroom, ce set de photos a reçu, en fonction des besoins : une retouche d'exposition, une retouche de contraste, une réduction de bruit couleur et luminance ainsi qu'un recadrage.

Personnellement, la photo que je préfère de cette soirée est celle-ci:


IMG_3672, première mise en ligne par Ekhinos.

C'est un pur hasard que son visage soit éclairé en rouge. Cela ajoute à l'impression de colère qu'elle dégage (l'improvisation mettait en scène une mère en colère dépassée par les complaintes incessantes de ses enfants). En fait la scène était éclairée avec plusieurs projecteurs à LED. Certains étaient plutôt blanc, d'autre plutôt bleu et d'autre d'un rouge orangé. En fonction du placement sur scène, les visages ressortaient donc différemment.

dimanche 17 mai 2009

Rôle d'une photo

Une question fondamentale à se poser lorsque l'on fait de la photographie, c'est quel sera le rôle des photos que je vais faire?

Généralement, les photos sont utilisées comme souvenir. On prend plaisir à revoir les images du petit dernier faisant ses premiers pas maladroit à l'occasion de l'anniversaire de ses vingt ans : "J'ai l'impression que c'était hier, comme le temps passe vite!".
Mais pour un photographe, ceci ne s'applique pas forcément. Les photos que l'on fait lors d'un concert ne le sont pas à l'usage des artistes lorsque leur carrière sera derrière eux, et elles sont d'ailleurs principalement destinées à des personnes qui n'étaient même pas présente lors dudit concert.
Alors quel rôle doit jouer les photographies que l'on fait?

À cette question, chacun doit apporter sa réponse. La mienne est la suivante: Une photographie doit communiquer ou du moins susciter une émotion chez celui qui la regarde.

Avec cette ligne directrice dans mon approche artistique, j'exclus automatiquement de mon domaine la photographie de carte postale, domaine qui bénéficie d'ailleurs généralement de peu de considération de la part des photographes.
La raison pour laquelle j'ai choisi la photographie de spectacle est assez simple. J'ai tout d'abord un net penchant pour la capture sur le vif des événements, des personnes et des expressions. Ensuite, mes autres activités extra-professionnelles me fournissent beaucoup d'occasions de photographier du théâtre et des concert. Étant moi-même improvisateur de théâtre amateur, j'ai de nombreuses opportunités de photographier lors des spectacles que nous organisons, mais également lors de ceux que présentent les autres ligues d'improvisation de Toulouse.

Les photographies, celle que je fais tout du moins, devant communiquer une émotion, il est cependant nécessaire dans le domaine du spectacle que cette émotion corresponde à celle qu'ont ressenti les personnes qui étaient présentent lorsque le cliché a été pris. On n'utilisera pas les mêmes techniques de photo pour un match d'improvisation et un concert de punk. On devra parfois aussi tenir compte de l'image que souhaite renvoyer le sujet. Un groupe peut avoir une image largement basée sur son chanteur et leader, cela donnera alors une impression bizarre de faire et de publier des images dans lesquelles le batteur sera mis en valeur et seul sur un cliché.

Un intérêt particulier des spectacles d'improvisation est la rapidité avec laquelle on passe d'une ambiance à une autre. En photographie de concert, j'ai pris l'habitude de me renseigner sur le groupe que je vais photographie, d'écouter leur musique pour m'imprégner de leur style et d'observer les spectateurs avant de faire la première photo. Lorsque c'est possible, j'attends même une ou deux chanson avant de shooter, afin d'être dans l'ambiance pour pouvoir la transmettre sur les clichés.
L'improvisation théâtrale est très différente. Tout d'abord on peut passer du rire au larme en quelques minutes. Ensuite, par définition, ce que font les comédiens est tout à fait imprévisible. Ceci demande une grande réactivité de ma part, mais le fait de pratiquer moi-même me permet de penser comme eux et d'anticiper parfois correctement ce qu'ils font.

Voici trois exemples de photos que j'ai prises lors d'un match (spectacle) le 18 avril 2009 au centre culturel Lalande à Toulouse. Ma ligue (la Brique) rencontrait la LUDI de l'université Paul Sabatier.


IMG_2905, première mise en ligne par Ekhinos.


Ce qui a attiré mon attention lorsque j'ai pris cette photo, c'est le regard à la fois bienveillant et attentif de l'assesseur (terme propre à cette discipline désignant l'assistant arbitre). On imagine (il me semble) en voyant ce cliché, les pensées qui peuvent être celles de cet assesseur à ce moment de l'improvisation.


IMG_2852, première mise en ligne par Ekhinos.


Pour être franc, la saisie de l'expression du visage de ce joueur rouge qui se fait malmené est tout à fait fortuite. À ce moment, et comme toujours ou presque lors de ces spectacles, je shootait en motorisation rafale. Voyant qu'une action rapide se produisait, j'ai seulement attardé un un peu mon doigt sur le déclencheur (en ayant toutefois pris soin d'avoir la mise au point sur la joueuse au centre de l'image).
J'aime beaucoup ce cliché car l'expression du joueur de gauche me fais penser à un personnage de bande dessiné.



IMG_2724, première mise en ligne par Ekhinos.


Un autre exemple de bonne surprise que l'on a lorsqu'on développe des photos prises en mode rafale. Pour ce cliché, je me demande même comment cela se fait que cette joueuse soit nette. Je travaillait en autofocus One Shot et comme j'avais fait la mise au point quelque dixièmes de secondes plus tôt, elle aurait dû sortie de la zone très limité de champ net.
Ceci fait aussi parti de la photographie, les plus beaux clichés sont parfois ceux que l'on a fait dans les conditions les moins maîtrisées.