lundi 1 juin 2009

Montures EF-S, pourquoi?

Vous vous êtes peut-être demandé pourquoi Canon avait créé la monture EF-S, incompatible avec la monture EF pourtant unique monture de Canon depuis 1987.

Si la raison d'être de cette monture vous intéresse, j'ai trouvé la réponse à cette question en lisant cette page.

Pour commencer, il faut savoir que depuis 1905 et l'idée d'Oskar Barnak d'utiliser le film de cinéma 35mm pour le premier appareil photo Leica, les photographes du monde entier capturent les images sur une surface sensible de 24mm par 36mm. En 1996, le grand public a pu découvrir le format APS de Kodak, faisant 16,7 par 30,2mm, mais les professionnels et les amateurs expérimentés ne l'ont pas adopté. Les appareils proposés étaient résolument orientés grand public, et les pellicules réversibles n'existaient pas dans ce format.

Puis sont arrivés progressivement, et en même temps (pour le malheur de Kodak), les premiers appareils photo numériques accessibles au grand public. Très loin de la qualité argentique en 1994, leur qualité s'est progressivement améliorée jusqu'au Canon EOS 300D, considéré comme le premier réflex numérique grand public.

C'est l'idée directrice derrière cet appareil qui est à l'origine de la monture EF-S. Avant le 300D, tous les réflex numériques étaient équipés de capteurs CCD de format 36mm. Avec le 300D, Canon opte pour une nouvelle technologie qui vient de se perfectionner suffisamment et permet de réduire le coût du capteur tout en conservant une qualité satisfaisante.
Avec les capteurs CMOS, les pixels de l'image sont plus petits (en 2005, la finesse de gravure des capteur CMOS atteint 0.15µm) sans pour autant perdre en sensibilité. Le capteur peut ainsi être plus petit et l'optique utilisée a donc un champ moins grand à couvrir. Depuis Gauss, on sait que plus l'angle d'incidence d'un rayon lumineux est grand, plus une lentille présente de défauts. Par conséquent, si les capteurs sont plus petits, la qualité demandée à l'optique sera moins grande pour obtenir un même rendu d'image. Ainsi, afin que l'économie réalisée sur les capteurs se répercute sur les objectifs, Canon lance les montures EF-S. Ces optiques ont les mêmes qualités que les montures EF, mais à l'intérieur d'un angle de couverture plus petit. De 36mm de coté, le capteur CMOS qui équipe le 300D fait passer la taille de l'imageur à 22,7 x 15,1 mm, ce qui limite d'autant l'angle maximum auquel on souhaite avoir une image parfaite reproduite par l'optique.

Ainsi, la différence de prix entre un EF et un EF-S équivalent se fait sentir : 1000 euros pour un EF-S 17-55mm f2.8 neuf, contre 1600 euros pour un EF 16-35mm f2.8 (et qui plus est sans stabilisateur d'image).
Comme on pourrait s'y attendre, la différence de couverture angulaire entre ces deux objectifs se voit clairement lorsqu'on utilise un tube d'extension 12mm pour monter un EF-S sur un boîtier avec un capteur 35mm, on obtient l'image suivante:
Le rectangle au centre représente la taille du capteur APS-C des appareils équipés de monture EF-S. On voit bien que ce capteur tient aisément dans la zone blanche non vignettée de l'objectif. En revanche, l'image complète représentant le capteur 24x36mm, on comprend alors à quel point la qualité de ces objectifs est limitée en terme d'angle maximum des rayons sortant du coté du foyer image.