mardi 22 juin 2010

Mes réglages pour les photos de spectacle

En commençant la photographie de spectacles, c'est évidemment la première question que je me suis posé. J'avais à l'époque un Canon EOS 400D et les possibilités sont telles avec cet appareil qu'il est un peu difficile au début de faire les bons choix lorsqu'on va photographier un spectacle (en l'occurrence dans mon cas un match d'improvisation au El Camino à Toulouse).

Voici donc, après un an d'expérience en photographie de spectacles (théâtre, musique, concert), les réglages que j'utilise à chaque fois lorsque je couvre un événement:

Ceci est l'écran de mon Canon EOS 500D actuel, mais comme tout le monde n'a pas le même modèle je vais détailler la signification de chacun de ces pictogrammes:


Ceci est la vitesse d'obturation. Cette valeur de un 25ème de seconde n'est qu'un exemple, car en fonction du lieu dans lequel je photographie je peux être continuellemment en train de la modifier. Je le fait en direct en agissant avec l'index droit sur la molette de réglage du boitier.

Ceci est le nombre d'ouverture. Par choix personnel (mais je sais que certains photographes expérimentés ne sont pas de cet avis), je travaille avec un zoom. Je suis donc limité à une ouverture maximale de 1/2.8 car il n'existe pas de zoom avec une ouverture supérieure.
Je travaille tout le temps à l'ouverture maximum de mon objectif, même si cela réduit considérablement la profondeur de champ, je préfère que celle-ci soit réduite plutôt que d'avoir du flou ou du bruit. Si vous avez lu le post 5 de l'atelier photo, vous savez que le nombre d'ouverture a une influence double sur la luminosité de l'image comparé à la vitesse d'obturation où à la sensibilité. C'est pour cette raison que je préfère rester en permanence à l'ouverture maximum que mon optique propose.

Ceci est la sensibilité. Ce réglage dépend beaucoup du lieu, et répond à l'éternel problème de la photographie : Quel trio Ouverture-Vitesse-Sensibilité utiliser?
Pour simplifier, je dirai que pour le choisi je procède à quelques essais. Comme je viens de le dire, j'utilise toujours l'ouverture maximale de l'objectif, donc là pas de question à se poser. Le seul choix réside en fait dans le couple Vitesse-Sensibilité.
Avant le spectacle, ou au tout début, je fais quelques photos de parties de la scène éclairées différemment (habituellement le centre plus lumineux puis les cotés plus sombres). Le but de ces photos est de déterminer la sensibilité minimum utilisable sans que la vitesse aie besoin d'être trop faible (la notion de "vitesse faible" dépend évidemment des mouvements des personnes sur scène). Je vérifie en même temps l'histogramme de mes photos pour voir si elle ne sont pas trop sombres (l'histogramme étant le sujet du prochain post "atelier photo", je ne détaillerai pas ici son utilisation).
Habituellement, j'essaie de ne pas monter au-delà des 1600ISO car sur l'EOS 500D le bruit devient assez visible. Il m'arrive tout de même d'utiliser le 3200ISO mais jamais plus. Lorsque cela est possible, je préfère utiliser 400 ou 800ISO.

Ceci est le mode, ici "Manuel". Le choix du mode est assez personnel, mais je crois que tous les photographes rompus aux spectacles utilisent le mode manuel.
J'ai fait ce choix car je pense que le contraste des images de spectacle est trop grand pour faire confiance à une exposition automatique. Les personnages éclairés le sont souvent sur fond noir et le mode automatique essaye de trouver la moyenne entre le personnage et le noir, alors que nous voulons en fait que le noir le reste, noir.
Il existe bien une fonction de mémorisation de l'exposition, mais l'utiliser prend trop de temps quand il faut aussi gérer la mise au point.
Enfin, l'ouverture et la sensibilité restant les mêmes lors de tout le spectacle (c'est aussi un choix personnel), les vitesses utilisables ne sont pas trop nombreuses et je prends le temps de les mémoriser (dans ma tête) avant le show. Ainsi, j'ai toujours une idée approximative de la vitesse qui conviendra même si la lumière de la scène change. C'est un long travail d'appréciation pour lequel l'expérience est très importante.
Ce choix est étroitement lié à celui du format d'image que l'on verra plus tard : le RAW. Avec ce format, il est possible après coup de compenser jusqu'à +/- 1IL l'exposition du cliché, ce qui m'autorise cette marge d'erreur dans l'évaluation "au jugé" de la vitesse à utiliser pour chaque déclenchement.

Ceci est le rendu, ici en "Neutre". Ce réglage n'a pas d'effet lorsqu'on utilise le format d'image "RAW" (ou du moins je n'en ai pas constaté). Comme j'utilise toujours ce format d'image (hors marathon photo Fnac ;-), je ne me soucie pas de ce réglage.

Ceci est la balance des blancs, ici "Manuelle". Je fais surtout de la photo de théâtre, et dans ce domaine les éclairages de couleurs sont très peu utilisés. Pour cette raison, je peux systématiquement faire une balance des blancs manuelle avant le spectacle.
J'ai fait ce choix suite à un spectacle (dont je parle dans ce post) lors duquel j'avais opté pour une balance des blancs "Tungsten" alors que l'éclairage était principalement constitué de LED oranges. J'ai découvert lors du développement que le rattrapage, si il était possible, créait dans les zones sombres du bruit de pixels bleus. J'ai depuis décidé de toujours faire une balance manuelle, juste pour avoir une base correspondant globalement à la température de l'éclairage réelle du spectacle.
Pour les concerts, les lumières sont souvent colorées, donc la balance manuelle est moins facile à faire (lorsqu'elle est possible). J'utilise le réglage le plus adapté à la source lumineuse qui me semble majoritaire ("Tungsten" généralement lorsque c'est en salle), et je croise les doigts pour ne pas avoir de surprise lors du développement.

Ceci est le mode de mesure d'exposition, ici "pondéré central". Ce réglage est très peu important dans la mesure où j'utilise le mode "Manuel" avec une phase d'apprentissage pour estimer les expositions nécessaires.
Tout au plus, il peut être utile pour se rassurer avant de déclencher en jetant un oeil sur l'échelle d'exposition dans le viseur, mais cela m'arrive peu souvent.

Ceci est le format d'image, ici "RAW", ou "brut" en français. La signification de ce réglage sera détaillé dans le prochain post "atelier photo", donc je ne vais pas m'étendre dessus. Je dirais simplement que l'utilisation du RAW permet de retravailler bien mieux le cliché après l'avoir pris, lors que la phase que l'on appelle "développement" (comme en argentique), et qui se fait avec des logiciels comme Adobe Lightroom.
La contrepartie est que la photo prend plus de place et que l'utilisation d'un logiciel de développement est indispensable pour pouvoir visionner ou convertir l'image dans un format lisible par le plus grand nombre (jpg, tif, bmp...).

Ceci est le mode d'autofocus, ou mise au point en français, ici réglé sur "au coup par coup". Le choix de ce réglage provient de l'utilisation que je fais de l'autofocus en spectacle. Si je détermine l'exposition moi-même, je suis totalement incapable en regardant dans le viseur de l'appareil de savoir si l'image est parfaitement nette. Aussi, je m'appuie entièrement sur l'autofocus TLL de mon boitier pour faire la mise au point.
Trois modes sont disponibles. Si j'ai choisi "One shot", c'est parce que j'ai réglé la fonction "Shutter/AE lock button" sur "1. AE lock/AF" dans l'item 10 des "Fonctions personnalisée (C.Fn)", et que je n'utilise que le collimateur de mise au point central.
Avec ce réglage, la mise au point se fait avec le bouton * situé au niveau du pouce. De cette manière, lorsque je veux faire la mise au point sur un sujet, je déplace le cadre pour mettre le collimateur de mise au point sur lui puis j'appuie avec le pouce sur le bouton *. Je peux ensuite recadrer le sujet pour composer mon image et attendre le bon moment, la bonne attitude ou la bonne expression pour déclencher.
Si le sujet bouge trop durant ce temps d'attente, je renouvelle l'opération pour refaire la mise au point sur lui.

Ceci est la motorisation, ici sur "Rafale". Simple bon sens pour le choix de ce réglage. En mode rafale, si l'on déclenche sans attarder le doigt sur le déclencheur (le majeur dans mon cas puisque l'index est sur la molette pour régler la vitesse d'obturation), une seule photo est prise. En revanche, si l'on déclenche en maintenant le déclencheur (environ une demi seconde), la rafale commence et l'appareil se met à prendre, dans le cas du 500D, 2,7 photos par seconde.
Cette fonction est très utile dans la mesure où l'on ne sait jamais quand il arrivera quelque chose d'intéressant. Si ce n'est pas le cas il suffit d'appuyer rapidement sur le déclencheur, et si c'est le cas un appui prolongé permettra d'avoir toute une série de photos parmi lesquelles on pourra faire une sélection lors du développement.



Voici donc un bref résumé des réglages que j'utilise toujours lorsque je fais des photographies de spectacles et de concerts. Comme tout n'est pas écrit sur l'écran LCD du 500D, je terminerai en ajoutant que j'active toujours le stabilisateur d'image sur mon 17-55mm, et que j'utilise pratiquement tout le temps un pied avec mon 70-200mm, le tout sans jamais faire appel à aucun flash, cela va de soit (à tel point que j'ai pratiquement oublié de le mentionner).

Enfin, le choix de la focale et le placement dépend de la salle et du style d'image que l'on souhaite. C'est pour cette raison que j'ai mentionné que mon choix personnel d'utiliser des zooms n'est pas partagé par tous. Il est même parfois intéressant (et je vais bientôt développer des photos pour lesquelles je l'ai tenté) de faire appel à des optiques que l'on attendrai pas pour ce type de photographies, comme par exemple un ultra grand angle fisheye.