dimanche 27 septembre 2020

L'appareil photo au meilleur rapport qualité/prix

Récemment, un ami m'a demandé conseil pour choisir un appareil photo. Il voulait faire de belles photos de son bébé. Je me suis donc penché sur les appareils photos actuels (de l'année 2020) afin de lui proposer celui au meilleur rapport qualité/prix, et je vais vous faire part ici de mon analyse et de mes conclusions.

Regardez ces deux images, et déterminez laquelle des deux vous trouvez la plus réussie:


Si vous pensez que celle de gauche est plus réussie que celle de droite, cet article vous est destiné.

Pour la plupart des gens, une belle photo de bébé sera une photo où le bébé sera net sur un arrière plan flou.
En effet, ce flou d'arrière plan ne peut pas être obtenu avec n'importe quel appareil photo, et c'est probablement cela qui fait souvent la différence entre une photo considérée comme banale, et une donnant un effet professionnel.

Ce flou d'arrière plan, appelé bokeh par les photographes, permet de détacher le sujet de la photo par rapport à son environnement, et de le mettre ainsi en valeur, comme pour le bretzel ci-dessous.


Canon Eos 6D, objectif 50mm, f/1.8, 1/60s, 1600 ISO

Ce flou est créé de manière optique, par un phénomène purement géométrique que j'explique dans cet article, et celui-ci.

Ce que l'on doit retenir, c'est que plus on sera proche du sujet photographié, plus on aura de flou d'arrière plan. Malheureusement, on ne pourra pas se placer aussi près que l'on veut du sujet, et ce pour deux raisons:

  1.  Tous les appareils photos ont une distance minium en dessous de laquelle il est impossible de rendre l'image nette.
  2. Trop près, on ne pourra plus avoir tout le sujet dans le cadre.

À cause de ces contraintes, il faudra trouver un moyen pour que le flou d'arrière plan soit créé par l'appareil photo. Il existe deux possibilités pour cela :

  • Soit on utilisera plusieurs appareils photo, et un logiciel pour mélanger les images prises afin de n'en faire qu'une seule avec du flou en arrière plan. C'est cette technique qui a été utilisée pour la photo de la maman et du bébé présentée au début de cet article. Elle a été faite avec un iPhone muni de plusieurs appareils photos, et d'une application disposant d'un traitement d'image spécialement conçu pour créer ce flou.
  • Soit on utilisera un seul appareil photo mais disposant d'une taille suffisante pour obtenir ce flou. Malheureusement, plus un appareil photo est grand, plus il coûte cher. Le but de cet article est donc de vous montrer le flou obtenu avec plusieurs prix d'appareils photo, afin que vous puissiez juger si il est utile de prendre plus cher pour plus de flou d'arrière plan.

Lorsque je parle de "taille" d'appareil photo, je simplifie deux paramètres de ce dernier : la taille du capteur (en millimètres, et non en pixels), et la taille de l'objectif (en nombre d'ouverture, noté "f/" suivie d'un nombre décimal, ex: "f/3.5").

Plus ces tailles seront grandes, plus on aura de flou (attention, le nombre d'ouverture est une fraction de 1, f/11 signifie 1/11, donc f/4 est plus grand que f/11). Voici une illustration de la différence que ces tailles peuvent apporter à une image (toutes ces photos ont été faites avec un capteur de taille APS-C et une distance au sujet de 2m, mais avec des nombres d'ouverture différents, indiqués au dessus de chaque photo):

 f/11


Canon Eos 500D, Objectif 70mm, f/11, 1/2s,  100 ISO
 
f/8

Canon Eos 500D, Objectif 70mm, f/8, 1/5s,  100 ISO
 

f/5.6

Canon Eos 500D, Objectif 70mm, f/5.6, 1/10s,  100 ISO
 

f/4

Canon Eos 500D, Objectif 70mm, f/4, 1/20s,  100 ISO
 

f/2.8

 
Canon Eos 500D, Objectif 70mm, f/2.8, 1/40s,  100 ISO

On peut apprécier grâce aux photographies ci-dessus l'effet que donne un flou d'arrière plan plus ou moins prononcé.

La question à laquelle je vais tenter de répondre dans cet article est la suivante : quel prix faut-il mettre dans un appareil photo pour avoir un beau flou d'arrière plan sur la un portrait (d'adulte ou d'enfant) ?

En effet, pour évaluer le flou, il est important de mentionner la taille du sujet photographié, car, comme on l'a vu, ce flou dépend de la distance au sujet, et plus celui-ci sera petit, plus on pourra se placer près, et plus il y aura de flou d'arrière plan.

De part mes connaissances des matériels photographiques existants sur le marché, j'ai décidé de réduire l'étendue de la comparaison que je vais faire aux seuls modèles offrant un flou d'arrière plan nettement supérieurs aux modèles les moins chers, afin de ne comparer que les modèles permettant d'obtenir un flou au dessus de la moyenne et donnant un effet "pro" à la photographie. Je ne vais pas non plus considérer les modèles trop haut de gamme, car le but ici est de déterminer le prix minimum nécessaire, et non toutes les possibilités existantes.

Pour faire une comparaison, je suis parti de la combinaison d'un appareil photo avec un objectif considérée comme un classique en portrait photographique. La voici ci-dessous:

Réflex 24x36 à 1500€ avec objectif f/1.4 à 400€

 
Reflex 24x36, Objectif 50mm, f/1.4, 1/4000s, 100 ISO, mis au point à 60cm

Cette configuration est relativement cher (1900€), mais nous allons voir ce qui se passe sur le flou d'arrière plan si on modifie certains éléments de celle-ci pour en tester une moins onéreuse. En remplaçant d'abord l'objectif par une gamme inférieure:

Réflex 24x36 à 1500€ avec objectif f/1.8 à 130€

 
Reflex 24x36, Objectif 50mm, f/1.8, 1/2500s, 100 ISO, mis au point à 60cm 

Je vous laisse apprécier par vous même la différence. Dites-vous que si vous ne la voyez pas, il est inutile de prendre la configuration la plus chère des deux.
Maintenant, je renouvelle le test avec un appareil photo moins cher, mais l'objectif que j'ai utilisé pour le premier test. Je ne donne pas ici les modèles utilisés, bien que les prix indiqués correspondent à du matériel Canon, car les seuls éléments qui importent sont les caractéristiques que je cite (taille du capteur, 24x36 ou APS-C, ainsi que le nombre d'ouverture, f/1.4 ou f/1.8), et ces caractéristiques sont proposées par un certain nombre de marques (Nikon, Canon, Sigma, Sony, Pentax, Panasonic), dans des modèles qui offrent différents avantages et inconvénients lorsque l'on considère plus de critères que le seul flou d'arrière plan.

Appareil photo APS-C à 250€ avec objectif f/1.4 à 400€

 
Reflex APS-C, Objectif 50mm, f/1.4, 1/4000s, 100 ISO, mis au point à 1m 

Pour finir, je termine cette comparaison par la combinaison de l'appareil photo le moins cher avec l'objectif le moins cher.

Appareil photo APS-C à 300€ avec objectif f/1.8 à 130€

 
Reflex APS-C, Objectif 50mm, f/1.8, 1/2500s, 100 ISO, mis au point à 1m

Cette dernière combinaison à 430€ est cinq fois moins cher que la première considérée, et on pourrait penser au regard des images qu'il est inutile de mettre autant d'argent pour une si petite différence. Une telle conclusion ne peut être vraie pour tout le monde. D'abord parce que tout le monde n'a pas les mêmes capacités pour apprécier les différences de rendu entre deux photographies, et ensuite parce que le matériel cinq fois plus cher offre d'autres avantages dont cet article ne parle volontairement pas, car ils nécessiteraient des articles dédiés, et ne font vraiment la différence que lorsque les conditions de prise de vue sont plus difficiles. Dans ce domaine, comme la possibilité de photographier lorsqu'il y a peu de lumière, il est pratiquement impossible d'avoir un résultat qui ne dépende pas directement du prix du matériel, la recherche du meilleur rapport performance/prix devient alors plus simple.

En conclusion, et pour répondre à la question dont cet article est le sujet, si l'on considère que la qualité d'un appareil photo est essentiellement lié au flou d'arrière plan qu'il peut produire, il sera intéressant de rechercher un modèle équipé d'un capteur APS-C (disponibles chez Nikon, Canon, Sigma, Sony, Fuji, et Pentax), de type "Reflex" ou "Hybride", et de s'équiper, en plus du zoom de base souvent vendu avec (car il est bon marché et qu'il est pratique de disposer d'un zoom), d'un objectif à focale fixe de 35 à 50 mm doté d'un nombre d'ouverture inférieur ou égal à f/2.0 (disponibles chez Nikon, Canon, Sigma, Sony, Fuji, Pentax, Tamron, Samyang, Tokina, Meike et Yongnuo).
Il faudra cependant s'assurer lors de l'achat de l'objectif de sa compatibilité avec l'appareil photo, on parle de type de "monture", chaque fabricant ayant sa propre gamme de montures, avec une combinaison limité de compatibilités à l'intérieur de la gamme de montures du même fabricant (les montures entre fabricants d'appareils photo ne sont jamais compatibles). Certains fabricants, comme SigmaTamronSamyangTokinaMeike et Yongnuo, proposent des objectifs pour les appareils photo d'autres marques, celles les plus largement supportées étant Nikon et Canon. C'est pour cette raison que les prix cités dans cet article correspondent à du matériel Canon : Nikon et Canon sont les marques pour lesquelles l'offre d'objectifs et de zoom est la plus vaste, et les premiers prix sont plus bas chez Canon que chez Nikon (voir l'Eos 4000D) .
Si j'ajoute dans ma conclusion une recommandation sur la focale de l'objectif, c'est parce que pour les portraits, il est nécessaire de ne pas en utiliser une trop petite, qui déforme, ni une trop grande, qui demande à se placer loin du sujet pour pouvoir le voir en entier. 

dimanche 10 avril 2016

Fichiers corrompus sous Lightroom mais visibles sur le réflex?

Dernièrement, j'ai eu la mauvaise surprise d'extraire de mon réflex les photos du shooting d'un spectacle, dont les deux tiers étaient corrompus.

J'ai compris ce qui s'est passé, et comme cela pourrait servir à d'autres, voici les explications.

Lors du déchargement des photos, j'ai utilisé la connexion USB de mon Canon EOS 6D. Windows 7 a commencé à lister les images contenues sur la carte, puis a semblé se bloquer:




J'ai fermé l'explorateur de fichiers, éteint puis ré-allumé l'appareil photo, et recommencé. Trois fois de suite, l'exploration du dossier n'est pas arrivé à sa fin. Aussi, j'ai décidé de sortir la carte SD de l'appareil, puis de la décharger via un lecteur de cartes.
Après import des photos sous Lightroom, lors de la sélection de l'une d'entre elles, la preview commençait par présenter une image correcte:



Puis après la fin du chargement (dont le statut en cours est visible grâce au "Chargement..." écrit au bas de la preview sur l'écran de gauche), je me retrouvais avec une image corrompue:



Dans un premier temps j'ai cru que des données avaient été perdues, mais comme il me restait un tiers de mes photos, je m'en suis contenté, puis fait un scan de la carte SD afin de détecter d'éventuels secteurs défectueux. Il n'y avait pas de secteurs en erreur matériel, seulement quelques uns, et moins de deux tiers, en erreur logique. J'ai donc réutilisé cette carte SD lors d'un second shooting.
Malheureusement, lors du déchargement de ce second shooting, que j'ai directement fait avec le lecteur de carte SD, une bonne partie de mes images étaient de nouveau corrompues. Après quelques recherches sur internet, j'ai eu l'idée de vérifier si l'appareil photo arrivait à lire correctement ces images, y compris en zoomant. Et voici ce que j'ai constaté:





L'appareil semblait avoir accès à une version valide du fichier. La partie de l'image qui était corrompue sur Lightroom ne l'était pas sur l'appareil.

J'ai compris que le problème venait du lecteur de carte SD, et qu'un déchargement en USB depuis l'appareil photo était la seule solution pour récupérer mes données. J'ai donc pris mon mal en patience, et finalement réussi à récupérer toutes mes photos valides, par USB, directement depuis l'appareil photo.

Je ne sais pas ce qui cause parfois la lenteur de Windows 7 pour lister le contenu d'un dossier de la carte de l'appareil photo, mais tant que les photos sont visibles sur le boîtier, il reste un espoir de les récupérer intacts. Ce qui n'exclue pas de récupérer des photos que même l'appareil ne parvient pas à afficher, mais il faut pour cela passer par des méthodes de data carving, que je n'ai pas la place de détailler ici (voir par exemple PhotoRec).

Une dernière chose importante à noter : les images dont je parle ont été faites au format RAW, ce qui signifie que le fichier CR2 contenant la photo contient également plusieurs images au format jpeg, servant de preview afin de ne pas avoir à lire la totalité des informations brutes pour récupérer un aperçu de la photo. C'est pour cette raison que certains programmes affichent une version valide d'un RAW corrompu, parce qu'il ne font que lire et afficher les previews jpeg, et non les données brutes au format RAW. C'est aussi pour cela que Lightroom afficher d'abord une image correcte, puis la remplace par sa version corrompu, une fois qu'il a terminé de lire toutes les données brutes.

J'espère que cet article pourra servir à d'autres photographes qui tomberont sur le même problème que moi.

samedi 8 février 2014

Voyage photographique à Tromsø, le bilan

Bien longtemps après mon retour de Norvège (je pensais avoir le temps de m'en occuper durant les semaines qui ont suivi), voici la vidéo dont la réalisation était l'un des objectifs de ce voyage (je vous conseille le plein écran en HD).


Lors de son montage, j'avais dans un premier temps écrit qu'il était impossible de filmer une aurore boréale, tant le phénomène peut avoir des mouvements rapides tout en étant très peu lumineux. Lorsque j'étais là-bas, j'ai vu un film sur elles au planétarium de Tromsø. Il avait été réalisé avec de gros moyens mais ne contenait que des timelapses du phénomène. Je suis également passé en mode vidéo un soir où je les photographiais, mais l'écran de contrôle était tellement noir que je me suis arrêté là. Par acquis de conscience, une fois de retour, j'ai recherché sur internet si il existait des vidéos de ce phénomène, et à ma grande surprise il y en avait.


Ce qui fût un peu rageant à ce moment, c'est de découvrir que l'une d'elle, l'une des plus belles d'ailleurs, avait été fait avec un matériel très proche de celui dont je disposais. Je relativise cependant, car il n'y a jamais deux aurores boréales semblables, et ce que l'on pourra filmer lors d'un phénomène de grande ampleur, comme celle ci-dessus, faite avec un activité solaire de Kp=5, ne sera absolument pas possible avec une activité solaire de Kp=3, comme ce fût le cas pour la photo ci-dessous.

When nothern lights make themselves quite

Ce que je retiens de ce voyage, c'est d'abord le caractère exceptionnel de l'aurore boréale. C'est un phénomène qui prend tout le ciel, avec une multitude de mouvements, et même si à l'œil nu il n'y a que la couleur verte de visible, il est d'une grande beauté.

L'aurore boréale est aussi très imprévisible. On sait lorsqu'on ne pourra pas la voir (à cause des nuages), mais on ne sait pas quand elle apparaîtra. Même par nuit claire, avec une activité solaire très présente, j'ai été le témoin de son absence. Aussi, j'ai eu beaucoup de chance d'en voir quatre en ne passant que huit nuits là-bas, d'autant plus que, je l'ai appris une fois sur place, la période de l'année à laquelle j'y étais n'est généralement pas porteuse de beau temps.

D'un point de vu technique, il est possible de faire des photos d'une aurore boréale avec n'importe quel matériel capable de photographier la voie lactée. La seule limite est la durée du temps de pause, afin de ne pas avoir d'étoiles en arc de cercle. Pour la vidéo en revanche, le minimum est un appareil photo plein format (pour la montée en ISO) avec un objectif ouvrant à f/1.4. Par conséquent, on ne pourra faire mieux que 24mm à une telle ouverture, mais pour les photos il sera plus intéressant de disposer d'une focale encore plus courte, 16mm ou moins, comme du 15mm fisheye, on se contentera alors d'une ouverture de f/2.8.