lundi 11 novembre 2013

Voyage photographique à Tromsø, jour 9

Ce dernier jour à Tromsø est celui du retour vers la France. Je prends l'avion à 14h, si bien que suite à la soirée d'observation de la veille, cela me laisse juste le temps d'écrire le post de blog du jour précédent, de préparer mes affaires, et de partir pour l'aéroport.


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Une fois encore j'ai eu de la chance, le vol dura tout le long coucher de soleil. Grâce à mon siège près du hublot, j'eus tout le loisir d'admirer et de photographier le paysage éclairé par la lumière rasante. Pour ne rien gâcher, la lune était là aussi.


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Les premières neiges donnaient l'impression de survoler le Groenland (même si ce dernier est beaucoup moins peuplé et nettement plus montagneux, je vous l'accorde).

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Je trouve que les norvégiens ont pas mal d'humour. J'en veux pour preuve le sac mis à disposition des passagers. Il est écrit dessus les différents usages que l'on peut en faire. Si je traduis, voici à peu près ce que cela donne : "Vous pouvez utiliser ce sac de nombreuses façons: pour le mal du de l'air. Pas de problème. Il est étanche. Comme une marionnette amusant l'espace de 15 secondes. Assurez-vous qu'il soit vide avant. Pour la nourriture ou les affaires que vous souhaitez emporter. Quelque soit le brillant usage que vous en ferez, nous espérons qu'il vous sera utile."

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Pour revenir sur une particularité de cette ville, je voudrais vous montrer la page météo du journal local.

Journal

Ce qui est intéressant, en plus du découpage des côtes dû aux fjord, c'est de voir tout en haut mentionnés les heures de marées, ainsi que celles de lever et de coucher du soleil. J'avais déjà parlé des marées au sujet du premier timelapse que j'ai fait ici, et qui a terminé les pieds dans l'eau. Contrairement à notre latitude, où les heures de lever et de coucher du soleil ne changent que d'une minute par jour, c'est jusqu'à douze minutes de jour que les habitants de Tromsø peuvent perdre d'un jour sur l'autre. On comprend alors mieux l'importance de connaître chaque jour l'éphéméride.

Une autre chose que j'ai découverte dans cette ville, se trouve dans leurs tunnels.
Lorsqu'on regarde google maps afin d'aller de l'ouest à l'est de l'île, on voit ceci:




On prend Kvaløyvgen (en haut à gauche, en jaune), pour tourner à droite sur la 862. Là, on entre dans un tunnel. On se dit: "Je vais en ressortir avant d'arriver de l'autre coté de l'île, là où il y a les rond-points". Puis, après un kilomètre de tunnel, on voit ceci:


Et on découvre qu'il existe des rond-points sous-terrain.

Deux images que je voulais partager avec vous pour finir ce billet sur mon dernier jour à Tromsø.

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Celle-ci a été faite le jour 3, depuis le sommet de la montagne qui surplombe la ville. Je l'ai faite à l'iPhone, mais assemblé avec Hugin.

Panorama

Celle-là a été réalisée selon le même procédé, mais à partir d'images de l'EOS 6D. C'est probablement le plus beau panorama qu'il m'ait été donné d'admirer lors de mon retour depuis Alta.

Vous pouvez cliquer sur chacune d'entre elles pour les agrandir.

Voilà, ainsi s'achève la série de billets sur ce voyage en terres d'aurores boréales. Je vous remercie de m'avoir suivi, et vous donne rendez-vous prochainement sur ce blog pour vous présenter les versions traitées des photos et des timelapses d'aurores boréales que j'ai faits.

dimanche 10 novembre 2013

Voyage photographique à Tromsø, jour 8

Pour ce dernier jour complet à Tromsø, je voulais réaliser un timelapse du coucher du soleil. Il y a, juste derrière mon hôtel, une jolie vue sur le fjord. Placer la matériel à cet endroit m'aurait permis de garder un œil dessus depuis le salon. Après réflexion sur les réglages à utiliser, j'ai renoncé à cette idée. Comme nous sommes à 69° de latitude, l'angle que fait la trajectoire du soleil avec l'horizon est très faible, si bien que les aurores et les crépuscules durent très longtemps. Pour donner un ordre d'idée, le crépuscule du 9 novembre à Toulouse dure 1h08min, alors qu'il se déroule en 2h27min le même jour à Tromsø. Ainsi, pour capter tous les changements de couleurs, lorsque 2h de timelapse suffisent à Toulouse, il aurait fallu 4h pour obtenir les même variations ici. Mon système de travelling n'étant pas conçu pour de telles durées, je l'ai finalement rangé dans ma valise.
Je passe une annonce d'ailleurs à ce sujet. Je rapporte mes systèmes de travelling et de panoramique timelapse à Toulouse, si un photographe souhaite que le lui les prête, qu'il me fasse signe, ça sera avec plaisir. Vous pouvez me contacter par Facebook ou sur mon mail orange.fr sous mon nom d'ekhinos.

Faute de timelapse, je suis allé faire quelques photos de ce si long crépuscule depuis le même endroit, juste derrière mon hôtel.

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Cet hôtel est situé sur le rivage de l'île de Tromsø. Il y a un petit chemin qui serpente tout le long, des promeneurs et des coureurs l'empruntent régulièrement. Il est facile de se déplacer le long pour trouver les meilleurs endroits où capter un premier plan de cabane, de canot retourné, ou de jetée.

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Le ciel de ce dernier jour était aussi clair que la veille. L'activité solaire était plus faible, mais je sais désormais que ce n'est pas un bon indicateur pour savoir si on observera un phénomène. Je pris donc la décision de sortir, avec mon matériel de timelapse panoramique.
Le lieu du dimanche soir m'avait porté chance, et comme je savais que l'environnement y était bon, je choisis d'y retourner.
Comme cela s'était passé pratiquement une semaine plus tôt, avant même d'arriver sur le site, vers 20h, l'activité avait déjà commencée.
Je pris mon temps pour installer le matériel sans rien oublier. Par moments, cette activité à la lampe frontale, avec des gants et par -5°C, me fait penser aux astronautes. J'ai récemment vu le film Gravity, et je peux vous dire qu'installer mon matériel n'est pas si différent. Manier les clés plates, la ficelle et les boutons du boîtier avec des gants n'est pas simple. On peut toujours les enlever, mais même dans ce cas, il vaut mieux ne rien laisser tomber, car les quinze centimètres de neige molle rendraient la recherche assez difficile.
De la même façon que la dernière fois, le spectacle fut grandiose. Je passa cependant plus de temps à l'admirer. Je l'avais déjà fixé une première fois, la pression de rapporter des clichées était donc moins grande. En plus de cela, je fis plusieurs timelapses avec le 6D, si bien que pendant ce temps, j'avais tout loisir d'admirer le phénomène. Contrairement à la dernière fois, à aucun moment il n'occupa tout le ciel, mais la variété de mouvements et de formes valait toujours autant le détour.

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Comme c'était le dernier soir, je n'ai fait aucune économie de carte mémoire. Je pense que les deux milles clichés que j'ai pris (en comptant les timelapse), vont me demander quelques temps avant de pouvoir les publier.

Dimanche est le jour du retour en France. Je ne pense pas avoir beaucoup à raconter, mais je posterai tout de même un billet avec quelques photos prises depuis l'avion, ainsi que certaines faites durant la semaine, et dont je ne vous ai pas encore parlé. Il y aura bien sûr d'autres photos dans les semaines à venir sur mon fil Flickr, au fur et à mesure que je les développerais depuis chez moi, avec plus de temps et un ordinateur plus rapide.

samedi 9 novembre 2013

Voyage photographique à Tromsø, jour 7

Première gamelle sur la glace aujourd'hui. Après y avoir échappé pendant six jours, j'ai fini par perdre l'équilibre sur le parking devant le Polar Museum (vu ci-dessous depuis la jetée). Je pense bien maîtriser la technique de la marche sur la glace, car cette chute n'est que la troisième de ma vie à cause d'elle. Malheureusement, c'est toujours le moment d'inattention, pendant lequel on se redresse, déplaçant le poids de notre corps vers l'arrière, qui nous est fatal. La glace est très dur, vingt quatre heures après, ma hanche est encore douloureuse. Par chance, la partie de mon sac photo qui a frappé le sol ne contenait que le flash, si bien qu'il n'y a pas eu de casse.

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Lorsqu'on essaie de comprendre comment font les norvégiens pour ne pas tomber, il faut regarder leurs chaussures, et on s'aperçoit qu'elles sont équipées de crampons. Ce sont des sortes de harnais en caoutchouc équipés de pointes en métal, que l'on met sur le bout du pied. Cela explique certaines choses, mais ils doivent tout de même savoir marcher sur la glace de façon instinctive, car j'ai croisé des norvégiennes qui n'avaient pas de crampons, mais des talons hauts. Respect.

Grâce à un échange par mail, nous avons convenu avec Vincent, le français rencontré le premier jour lorsque je cherchais le magasin de bricolage, de nous retrouver à la sortie de son travail, à 17h. Il est dans un restaurant en plein centre ville, dont il m'a donné le nom par e-mail.

Ce jour là, justement, je suis allé manger dans un restaurant du centre ville, situé sur le port. C'est un grand établissement avec une partie spécialisée dans les viandes, une dans le poisson, une faisant bar, et une quatrième proposant des cours de cuisine. En sortant, comme j'étais dans le centre, j'ai consulté mes mails afin de repérer où je retrouverai Vincent à 17h, au Skarven. C'est à ce moment que je me suis rendu compte que je venais d'y manger. Ce n'est peut-être pas si surprenant, car ce lieu est assez incontournable à Tromsø, tant il est grand et bien situé.

À 17h, je suis donc allé au Skarven retrouver Vincent. Il est installé à Tromsø depuis le mois de mai et compte y rester jusqu'à mars. C'est quelqu'un qui a beaucoup voyagé, si bien que nous avons parlé des différences lorsqu'on vie en France, en Norvège, en Nouvelles Zélande, en Islande, en même au Sénégal.

Comme le ciel du soir était des plus limpides, et l'activité solaire encore présente, je lui ai proposé de me suivre pour aller photographier les aurores à une heure de voiture de Tromsø, sur une pointe donnant plein nord, juste à coté du village de Tromvik.

Nous sommes arrivés là-bas vers 21h. Contrairement aux autres soirs où je suis sorti, pratiquement aucune activité n'était visible. Nous avons donc attendu. Deux voitures se sont arrêtées à coté de la nôtre. C'était des suisses de Zurich qui, comme nous, espéraient voir le phénomène. Rapidement, comme rien ne se produisait, ils sont repartis.
Vers 22h, comme l'activité était toujours pratiquement inexistante, j'ai décidé de lancer le timelapse de panoramique, afin de voir ce que le 6D était capable de capturer. J'espérais au moins capter le peu d'activité qu'il y avait, ainsi que la rotation de la terre grâce au mouvement des étoiles. En le lançant, j'ai oublié de déserrer l'axe de rotation du trépied, ce qui explique l'accélération soudaine, lorsque je m'en suis rendu compte, et que je l'ai libéré. 



Vers 23h, toujours rien. Le panoramique avait fait plus d'un demi-tour, je l'ai donc arrêté pour faire quelques clichés en pause longue, aux alentours de 15s.

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Comme Vincent travaillait le lendemain, et que nous étions à 1h de route de Tromsø, nous sommes rentrés peu de temps après.

Avec la chance que j'ai eu les premiers jours, j'ai rapidement oublié que rien ne garantie le spectacle de l'aurore boréale. Ni la météo, ni l'activité solaire ne peuvent assurer d'en voir une. Depuis l'espace, il se peut que l'activité solaire soit le seul facteur, car la zone couverte par le regard est gigantesque, et les nuages incapables de perturber l'observation. En revanche, lorsque l'on se trouve au sol, à une position donnée, la luminescences des particules solaires au-dessus de notre tête dépend de trop de paramètres pour pouvoir être certain de leur observation.  Je conseillerai à qui veut observer une aurore boréale, de choisir la période de l'année durant laquelle les statistiques sont favorables, puis de rester plusieurs jours au même endroit et d'espérer avoir de la chance.

J'ai déjà eu beaucoup de chance, mais il me reste encore une nuit d'observation avant de rentrer, espérons que la magie opère.
 

vendredi 8 novembre 2013

Voyage photographique à Tromsø, jour 6

Ce matin là, à Alta, j'ai eu l'impression que la nature ma faisait un pied de nez. Le ciel avait été totalement couvert cette nuit, mais l'aube se présenta sous le plus limpide des bleus.

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Ce temps ne me fit pas changer d'avis. Je pris tout de même la route pour Tromsø à 8h30. Même la prévision météorologique qui annonçaist contrairement à la veille, un ciel bouché sur Tromsø ne me fit pas renoncer. La prévision pour Alta était encore plus mauvaise, et de toute façon il n'y avait pas grand chose d'intéressant à faire dans cette ville.

Il fallait voir le bon coté des choses, un temps tel que celui-ci allait m'offrir de splendides paysages tout au long de la route.

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Là-bas, les routes ne sont pas salées, car celui-ci ne fait plus fondre la glace en dessous d'une certaine température. À la place, des graviers sont déposés après qu'une lame a enlevée le maximum de neige et de glace. Il reste donc toujours une mince couche de glace sur laquelle la voiture parvient à adhérer grâce aux graviers et à ses pneus cloutés.

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Je loue la présence de l'assistance électronique à la conduite, car sans elle je ne crois pas que je serai arrivé sans casse.

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Une chose surprenante sur ces routes, est la vitesse des véhicules. Même en roulant 10km/h au dessus de la limite autorisée, (60 ou 70km/h selon les portions), on se retrouve avec un convoi de camions et de voitures impatients de nous doubler.

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Contrairement à notre réseau routier, celui du nord de la Norvège n'a pas d'autoroute. Lorsqu'on veut s'arrêter, il faut le faire dans l'un des villages que l'on traverse. On y trouve généralement une station service et une supérette faisant office de café. Dans les lieux les plus isolés, c'est le même établissement qui rempli toutes ces fonctions.

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Au cours du voyage, je suis passé d'une longue aube à un lent crépuscule, sans connaître de lumière du jour telle que nous en avons l'habitude.

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Comme dans mon précédent post, vous pouvez passer sur la page Flickr des photos en en cliquant sur elles, vous aurez ainsi leur position sur la carte géographique.

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Comme pour le chemin aller, ce retour m'a pris huit heures. Ceci me laissa le temps une fois arrivé à Tromsø de me préparer pour la sortie du soir. Il n'y avait finalement pas tellement de nuages, et je ne pouvais pas rester à l'intérieur avec une activité solaire de Kp=4.

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J'ai enfin réussi à réaliser un timelapse de qualité acceptable. L'EOS 6D a été indispensable car le temps de pause devait être le plus court possible. Avec 1s entre les clichés, le phénomène n'est accéléré que d'un facteur 30.


Ce test m'aura également permis de perfectionner mon système de panoramique timelapse, ainsi que de comprendre comment marche les chaufferettes que j'ai acheté pour éviter le givre sur les optiques (ces dispositifs chimiques demandent plusieurs dizaines de minutes pour commenter à vraiment produire de la chaleur).

Demain, nous serons encore à Tromsø. Avec un beau niveau 3 d'activité solaire je serai très probablement encore dehors en soirée, peut-être même avec Vincent, le français rencontré le premier jour lorsque je cherchais les pièces d'aluminium pour mon système.

jeudi 7 novembre 2013

Voyage photographique à Tromsø, jour 5

Le cinquième jour en Norvège a été celui du voyage depuis Tromsø jusqu'à Alta, située à 400km au nord-est. La météo des deux jours à venir été annoncée comme meilleure là-bas, et l'activité solaire prévue m'encourage à faire ce périple.

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Le terme de périple peut sembler exagéré pour un trajet de 400 km, mais ce serait oublier la latitude. Entre 69 et 70°N, la route est gelée et limitée à 60km. Cela signifie que le trajet de Tromsø à Alta durera 8h.

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Chaque fois que la route a été gagnée sur la roche, de la glace est là pour rappeler la température extérieure, entre -5 et -10°C.

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Pendant un moment heureusement assez court, la neige m'a également accompagnée.

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Voici un exemple des réverbères dont j'ai déjà  parlé, ennemis des chasseurs d'aurores boréales.

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Malgré le ciel nuageux, le paysages étaient d'une telle beauté que ces 8h ne m'ont pas semblé plus longues qu'un simple Toulouse-Montpellier.

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Je ne voulais pas arriver trop tard à Alta afin d'avoir le temps de faire un repérage, et de me préparer pour la sortie, aussi, je n'ai pas eu le loisir de m'arrêter autant de fois que je l'aurai souhaité pour photographier ces paysages dignes d'un film fantastique.


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Malgré tout, je suis arrivé de nuit à Alta, aux alentours de 16h30.

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Je vous invite à cliquer sur les photos, car depuis leur page Flickr, vous pourrez voir leur géolocalisation et suivre la route que j'ai empruntée.

Une mauvaise surprise m'attendait à mon arrivée. Un ciel complètement couvert. Pas une seule étoile. J'ai eu le malheur de regarder la météo du même soir à Tromsø. Le ciel était dégagé.
C'est ainsi, la vie est faite de décisions. À chaque fois que nous en prenons une, nous risquons de nous tromper.
Après vérification de la météo pour le lendemain, j'apprends que la situation s'est inversée, c'est à Tromsø que le temps est dégagé, et à Alta qu'il sera couvert. Je décide donc de faire le retour dès le lendemain.

Par curiosité, je profite tout de même de la soirée pour visiter le centre ville. Alta compte vingt mille âmes, dont quatre mille étudiants. La vie nocturne, il était 21h, est pratiquement inexistante. Quelques étudiants imbibés à la terrasse d'un bar par 0°C, deux ou trois restaurants chics ouverts, un supermarché assez éclairé pour y faire un tournage de cinéma, et la statue sur la place principale, représentant un homme découpant des ardoises, principale production de la ville.

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Je rentre à mon hôtel, 400 autres kilomètres m'attendent demain.

mercredi 6 novembre 2013

Voyage photographique à Tromsø, jour 4

Ce quatrième jour a commencé avec une chute de neige, habillant la ville d'un magnifique coloris blanc. La température était assez basse pour permettre aux arbres de conserver la glace qui décorait leurs branches.


C'est dans ces moments là que l'on tente de se souvenir comment tenir debout sur la glace.
Les trottoirs avaient conservé de la veilles leurs plaques de glaces inégalement réparties. Avec la fine couche de blanc que la nuit avait déposée, leur aspect était maintenant uniforme, masquant totalement l'emplacement des plaques, malheureusement toujours présentes.
Mes réflexes doivent être assez bon, car malgré deux ou trois pertes d'équilibre, j'ai réussi l'exploit de ne pas tomber une seule fois. Les habitants, quand à eux, ont élevé cette discipline en art. Ils parviennent à faire du vélo dans ces rues enneigées.


Précision importante, la rue de l'image ci-dessus est en descente pour ce cycliste.
Avec une telle météo, et le trajet pour Alta prévu pour le lendemain, j'ai profité de cette journée pour poursuivre ma visite de la ville, en commençant par l'Artic Museum.


La photo de ce musée, ci-dessus, a valu à mon boîtier une petite douche, tant la chute de neige était importante.


Dès l'entrée dans le musée, une affiche était là pour me rappeler, au cas où j'en aurais encore besoin, que la photographie est aussi un métier.


L'Artic Museum contient plusieurs expositions, qui n'ont pas toutes retenu mon attention de la même façon.
De la première partie, sur la vie des habitants du nord de la Norvège à la fin du XIXème et au début du XXème siècle, j'ai surtout retenu la barbarie de la chasse pratiquée. Si je peux vous donner un conseil : il vaut mieux ne pas y venir avec des enfants sensibles.


En revanche, j'ai remarqué de cette exposition la vie exemplaire de Wanny Woldstad (1893-199). Cette femme a été la conductrice du premier taxi de Tromsø, dans les années 20, et de loin la plus douées des chasseuses d'ours. Aux dires de ses contemporains, elle égalait les hommes, et en surpassait même certains, dans cette discipline. C'est un peu barbare je vous l'accorde, mais même avec un fusil, chasser un ours polaire ne doit pas être si simple qu'on l'imagine. La voici photographiée avec son mari, lui aussi trappeur et chasseur d'ours.


Le musée avait également plusieurs salles consacrées à Roald Amudsen. Héro national en Norvège, il a été le premier à trouver le passage depuis l'Europe vers la Chine par le nord de la Russie, la mer de Barents, nommée ainsi en hommage à son premier explorateur, William Barents (1550-1597). Ce dernier a cartographié une bonne partie de cette mer cent ans après Christophe Colomb, mais deux cent ans avant Bougainville. Amudsen est également le premier homme a être revenu vivant du pôle sud. Robert Falcon Scott l'avait devancé, mais sans parvenir à faire le trajet du retour. Enfin, il est le premier homme à avoir planté un drapeau au pôle nord. Il n'y a pas mis le pied, mais y a déposé le drapeau norvégien depuis un dirigeable le 12 mai 1926. Il est mort en tentant de secourir Umberto Nobile, le concepteur de son dirigeable, en difficulté lors d'une expédition terrestre vers le pôle nord. Nobile a finalement été secouru, Amudsen jamais retrouvé.

Après cette visite, j'ai poursuivi avec celle du planétarium.



Passionné de science, je savais que j'y trouverai mon bonheur. Par chance, je suis arrivé seulement quelques minutes avant le spectacle sur les aurores boréales. Il présentait sur un écran hémisphérique des images réalisées grâce aux toutes dernières technologies. Malheureusement, même ces techniques, pourtant les plus avancées, ne parviennent pas à rendre fidèlement ce phénomène. Aucune vidéo n'est possible, car fixer le ciel de nuit en 1/25s est hors de portée des meilleures caméras. La technique du timelapse permet de montrer des images animées, mais les mouvements sont trop rapides pour reproduire ce que l'on voit en réalité. Enfin, le système de projection du planétarium ne reproduit pas de noirs assez sombres pour correctement rendre compte du contraste de ces lumières célestes sur le ciel de nuit. Ce film était très bon, mais il faudra encore attendre quelques années avant de pouvoir rendre fidèlement dans une salle de spectacle un pareil phénomène.

Le planétarium de Tromsø présente plusieurs expositions de vulgarisation scientifique passionnantes. Qu'aurais-je aimé les voir lorsque j'avais douze ans!

Les scandinaves sont très forts pour monter de telles expériences, et le public assez discipliné pour ne pas les dégrader. Dès ma sortie de la projection sur les aurores, je suis tombé sur ce magnifique montage d'optique.


La neige occupant une grande place dans la vie des norvégiens, une exposition entière lui était consacrée. L'expérience qui m'a le plus impressionné est celle où l'on fait geler une fine couche d'eau sur une plaque réfrigérée, afin d'en admirer les irisations au travers d'un filtre polarisant (le plus intéressant se trouve au milieu de la vidéo).


À mon retour à l'hôtel, j'ai croisé un français qui était venu en Norvège pour photographier les oiseaux. Il avait également fait un séjour avec un guide pour traquer les aurores boréales. En parlant mutuellement de nos photos, j'ai reconnu l'une d'entre elles.


C'est celle d'un habitant de Tromsø dont je suis le fil Flickr depuis que j'ai pris la décision de faire ce voyage, il y a maintenant un an. J'avais vu cette photo, sur laquelle il disait qu'il avait accueilli pour une sortie photographique un français rencontré sur Flickr. À ce moment, je me suis simplement dit : "Tiens! Un autre français chasseur d'aurores boréales et membre de Flickr est à Tromsø en même temps que moi."
Je ne pensais pas le rencontrer à mon hôtel.
Contrairement à l'autre français que j'ai croisé le premier jour, nous ne nous sommes pas échangé plus que nos liens Flickr, mais c'est justement ce soir là que ma première rencontre francophone a choisi pour m'envoyer un e-mail. Il me proposait une sortie pour le lendemain sur un site d'où il avait photographié des aurores il y a un mois. Comme le lendemain je ne serai plus sur Tromsø, mais à Alta, je lui ai répondu qu'on pourrait tenter une autre sortie à mon retour, vendredi ou samedi.

Le temps sur Tromsø n'était toujours pas favorable, et avec la longue route qui m'attendait le lendemain, je décida de ne pas tenter de sortie ailleurs que dans un restaurant aux spécialités norvégiennes.
Saviez-vous que Tromsø possède une brasserie? Son breuvage se nomme Ringnes, et on trinque en disant "Sköl!".
J'en ai appris des choses.


Au programme de demain : 400 km sur une route gelée pour rallier Alta, avec en prime un passage sur le 70ème parallèle.

À demain.

mardi 5 novembre 2013

Voyage photographique à Tromsø, jour 3

Pour commencer, je veux préciser à mes lecteurs que j'ai mis à jour la vidéo de timelapse dans mon précédent post. J'ai fait une version accentuée avec les images originales mais je me suis trompé lors de la mise en ligne, si bien que c'est la version sombre que vous avez vu, sans rien de visible dessus. La seconde version est 5IL plus lumineuse, mais l'anti-bruit de Lightroom 5 n'a cependant pas réussi à la rendre acceptable, c'est malgré tout un coup d'essai.

Je l'ai déjà annoncé hier, le troisième jour à Tromsø a été consacré au repos. L'activité solaire étant faible, et le ciel voilé, j'ai préféré profiter de ce jour pour visiter la ville, et préparer la suite de la semaine.
Comme ma chambre d'hôtel bénéficiait d'une jolie vue sur la ville, j'ai mis mon réveil à 6h30 pour lancer ce timelapse depuis ma fenêtre, à travers la vitre.


Malheureusement, les nuages de ce matin là n'ont pas laissé passer le soleil, si bien que la jolie lumière rasante que j'attendais pour 8h30 n'est pas apparue.

Tromsø est située sur une île, au milieu d'un fjord donnant sur la mer, et entouré de montagnes. L'une d'elles est accessible via un téléphérique construit en 1961 et s'élevant à 421m au dessus de la ville.


Comme n'importe quel touriste, j'ai eu l'envie de voir le panorama que celui-ci proposait (désolé pour la balance des blancs, je ne passe que peu de temps au développement des images).
Je ne fus pas déçu.



Un fois arrivé, il y a une terrasse d'observation, mais également un chemin protégé par une barrière le long de l'à pic. Malgré le froid, je suis allé y faire un tour avec le boîtier à la main, bien protégé par les vêtements de ski que j'ai pris le soin d'emporter avec moi.

De si haut, il y a une magnifique vue sur la ville, notamment l'un des deux ponts principaux de Tromsø, qui relie cette île à la rive est du fjord.


Il est assez aisé de s'imaginer le plaisir que l'on peut prendre, en été, à admirer un tel paysage depuis ce banc, plus de 400m au dessus du fjord.


Ce qui est bien appréciable par cette température et avec ce vent, c'est de terminer la visite en allant prendre un thé au bar du téléphérique, avec une vue toujours aussi imprenable.



Après être redescendu, animé par l'envie d'en savoir plus sur la ville, je me suis rendu au musée de Tromsø. Je pensais en apprendre plus sur sa création et son évolution, mais les expositions étaient surtout consacrées au peuple Sumi, indigène de Scandinavie, et aujourd'hui l'objet de mesures pour préserver sa culture et son héritage, un peu à l'image des indiens d'amérique.
Cependant, le musée présentait une expérience très intéressante imaginée et réalisée pour la première fois par Kristian Birkeland, un scientifique norvégien de génie qui a vécu à la fin du XIXème et au début du XXème siècle. Cette expérience consiste en une chambre sous vide reproduisant l'espace, avec en son centre une sphère générant un champ magnétique, laquelle représente la terre. Lorsqu'on applique une différence de potentiel électrique entre la sphère et la paroi de l'enceinte, cette dernière libère des particules chargées qui rejoignent la sphère en suivant les lignes de son champ magnétique. Au contact de la sphère, les particules deviennent luminescentes. C'est le même phénomène qui est à l'origine des aurores boréales.


Le point lumineux à gauche de la sphère et celui de la point métallique qui émet les particules provenant de l'enceinte.

En sortant du musée, une fois la nuit tombée, vers 16h, je suis allé dans le centre ville faire quelques photos.
La bibliothèque de Tromsø illustre elle aussi ce que je disais sur l'ouverture vers l'extérieur que présentent les bâtiments là-bas. Ceci est la façade prinipale, mais les trois autres possèdent pratiquement autant de surface vitrée.


La taille assez impressionnante de cet édifice s'explique par la présence d'une grande université à Tromsø. Elle est d'ailleurs la plus grande de toutes celles situées au dessus du cercle polaire. La ville est à environ 400km au dessus de celui-ci. C'est à cause de cette position qu'elle connaît chaque année deux mois de nuit avec seulement quelques heures de clarté crépusculaire aux alentours de midi.

Une fois de retour à l'hôtel, une bonne surprise m'attendait. Grâce au wifi, j'ai pu consulter les prévisions météorologiques et solaires des jours à venir. L'activité solaire va augmenter jusqu'à jeudi pour atteindre le double de la nuit dernière, pour redescendre ensuite. Après un coup d'œil sur la météo des villes voisines, il semble que Alta, située à 5h de route au nord, va bénéficier d'un ciel totalement clair ce même jeudi. À la vue d'une telle nouvelle, j'ai pris la décision de partir mercredi pour Alta, afin d'y rester jusqu'à vendredi, pour passer deux nuits là-bas. Ceci me permet d'y être pour les Kp d'activité solaire de 3 et 4, puis de revenir sur Tromsø pour une soirée à Kp=3, avant de prendre l'avion du retour dimanche.

Cette soirée, le ciel est voilé, si bien que je décide de me coucher tôt afin de récupérer de ces premiers jours. Demain ne s'annonçant pas comme une journée de beau temps, je décide de retourner à la visite de la ville, avant mon départ mercredi matin, dès le lever du jour.